Bowling Analyse: L’huile de piste

Publié le 7 Février 2020

L’huile de pistesur L’huile de piste

Il y a eu beaucoup de choses écrites au sujet de l’évolution des boules de bowling, les modifications de la matière de la coque, les noyaux, les techniques de perçage, les réactions des boules, etc…
Mais peu de choses au sujet des huiles de piste !!!
Les joueurs ont vite fait de se féliciter quand ils jouent bien, mais nous savons tous que lorsqu’ils jouent mal, c’est la faute des conditions de jeu. Alors pourquoi n’y a-t-il jamais eu plus d’informations sur ce que sont véritablement les huiles de piste ?
De nos jours, il y a de nombreux additifs dans les huiles, des viscosités différentes, des niveaux de tension de surface différents et bien d’autres caractéristiques encore, et les sociétés qui fabriquent et commercialisent les huiles proclament toutes que leur produit « protège mieux la piste », « tient plus longtemps », et « ne génère pas de transfert ».
Tout cela est bien joli, mais de quoi parlons-nous ? Et tout d’abord, l’huile, à quoi ça sert ?

Le rôle de l’huile c’est d’abord de :

  • protéger le revêtement de la piste, surtout en tête de piste. La friction générée lors d’un impact de boule provoque un point éclair de 500°C.
  • permettre aux boules de glisser pour conserver leur énergie jusqu’aux quilles.

L’huile intervient aussi sur le niveau des scores en fonction de sa répartition sur la piste.

Historique des huiles de piste :

Au début du bowling, il n’y avait pas d’huile sur les pistes en bois, ni de vernis d’ailleurs.

Le bois s’usait très rapidement. Il a fallu le protéger en le vernissant. Puis il a fallu protéger le vernis en déposant de l’huile. Le cycle infernal a commencé à partir de ce moment-là.

Pourquoi infernal ? Tout simplement parce qu’à partir de ce moment, les fabricants de boules ont commencé à créer des boules plus agressives et les fabricants d’huile des huiles plus épaisses. De nos jours, cette course effrénée s’est accélérée. Les revêtements en bois ont été remplacés par des revêtements synthétiques plus durs, générant moins de friction, mais le problème subsiste. Les joueurs aiment les boules agressives et se plaignent que les pistes ne sont pas huilées correctement. Et si on utilisait des boules moins agressives ???

Les joueurs devraient améliorer leurs qualité de jeu et de lâcher !

Bon j’arrête de rêver ! Revenons aux huiles.

Les premières huiles étaient à base de solvant. Elles furent développées dans les années 1940 et utilisées pendant l’ère des boules caoutchouc et plastiques (polyester). L’idée de départ était que les solvants devaient être ajoutés à l’huile minérale de base pour ralentir l’absorption des saletés et aider à nettoyer la piste. Ce fut très important à cette époque car la plupart des bowlings ne nettoyaient leurs pistes qu’une fois par semaine, ou par mois, ou même jamais. Mais qui pourrait les en blâmer, alors que tout se faisait à la main, pas de machines à huiler !!!

Ensuite, apparurent les huiles 100% solides. Elles furent simplement une progression vers la suppression des solvants dans la composition de l’huile. L’ère des boules uréthanes est à l’origine de cette évolution. Dans les années 1980 à 1995, les produits contenaient entre 4 à 8 composants, avec l’huile minérale comme composant principal, représentant 98% de la plupart des mélanges.

Puis vinrent les huiles à ‘’Haute Performance’’. Elles sont devenues populaires et indispensables dans les bowlings aujourd’hui pour répondre à l’agressivité des nouvelles boules dites « réactives ».

L’objectif principal étant de minimiser les modifications des réactions des boules et d’augmenter la régularité de l’application de l’huile.

Composition des huiles actuelles :

L’huile de bowling a une base minérale (minimum 75%) à laquelle sont ajoutés des additifs plus ou moins nombreux (entre 14 à 16) pour en modifier et en améliorer les caractéristiques.

Certains des additifs utilisés sont :

* Des modificateurs de friction : destinés à réduire la friction.

* Des modificateurs de viscosité : destinés à changer la viscosité.

* Des agents capillaires : utilisés pour augmenter les facultés d’une huile à passer à travers les feutres.

* Des agents lubrifiants : des dérivés de modificateurs de friction pour augmenter la lubricité d’une huile.

* Des « surfactants » : contraction pour « Surface Active Agents ». Ces additifs modifient la façon dont l’huile « s’accroche » ou « s’étale » à la surface de la piste. Ils interviennent aussi sur la faculté d’une huile à se « refermer sur elle-même » après le passage de la boule.

L’huile de piste est un produit complexe élaboré chimiquement par de savants mélanges gardés secrets. Le but de ces mélanges est de lui conférer des propriétés lui permettant de résister aux passages répétés des boules pour que le huilage dure le plus longtemps possible, car le passage de chaque boule enlève et déplace un peu d’huile et modifie au fur et à mesure la réaction des boules sur la piste.

Note : il y a aussi un additif fluorescent pour pouvoir mesurer ‘’le nombre d’unités d’huile’’ déposé sur la piste avec le Lane Monitor.

Principales caractéristiques des huiles de piste :

La viscosité : Définition : La mesure de la friction interne d’un fluide. L’unité de mesure est le Centipoise (cps).

Les fluides à haute viscosité (HV), nécessitent plus d’effort pour être déplacés que les fluides moins visqueux.

Remarque importante : Il y a des choses très importantes à connaître sur  la viscosité. Certaines personnes pensent qu’une huile plus visqueuse fait glisser davantage. C’est FAUX !!!

En fait, c’est exactement le contraire, car plus l’huile est visqueuse, plus elle exerce de résistance à la boule de bowling, ce qui ralenti celle-ci et provoque le Hook légèrement plus tôt.

La tension de surface : Définition : C’est l’étude de la propriété d’un fluide à s’accrocher à un solide.

La tension de surface, c’est le nombre qui est donné sur le certificat d’analyse. Plus le nombre est bas, meilleure est la tension de surface.

c’est comment une huile se « referme », ou se « répare elle-même », quand une boule la traverse.

Le but étant que l’huile se referme le plus rapidement possible après le passage de la boule.

La tension de surface dépend également directement de la « polarisation de la surface » sur laquelle l’huile est déposée. Chaque surface a une polarisation, une énergie de surface, qui est  différente d’une surface à une autre, suivant le dégraissant et l’huile utilisés.

Laissez-moi vous donner un exemple :

Si vous lavez le capot de votre voiture avec une lessive spéciale pour carrosserie, les gouttes d’eau sembleront ‘’rouler » dessus et n’accrocheront pas à la peinture du capot. La polarisation du capot aura été modifiée et la peinture sera mieux protégée car l’eau ne pourra plus la pénétrer.

Le but recherché avec l’huile de piste est exactement à l’opposé. Nous voulons que l’huile accroche à la surface de la piste et ne se comporte donc pas comme l’eau qui roule à la surface d’un capot d’automobile.

L’huile doit accrocher à la surface de la piste, comme si elle voulait pénétrer cette surface.

Ceci aide à créer des conditions de jeu durables et stables, et également aide à augmenter le pouvoir de  « cicatrisation » de l’huile.

L’huile parfaite serait celle qui tient à la surface de la piste et pas à la surface de la boule, permettant d’obtenir des conditions de jeu d’une durée illimitée !!!

Le pouvoir lubrifiant (Lubricity) :

Un terme utilisé pour expliquer les qualités glissantes d’une huile de piste. Une huile à haut pouvoir lubrifiant est plus glissante permettant à la boule de moins perdre de vitesse et de rentrer moins. Une huile à bas pouvoir lubrifiant provoque une perte de vitesse plus vite créant plus de crochet (Hook).

Effet de la température sur l’huile :

La viscosité de certaines huiles peut être modifiée de 2 centipoises pour chaque augmentation de 0,5°C de la température. Ce qui signifie que si vous commencez avec une huile de 20 cps de viscosité et que la température descend de 5 °C, la viscosité de cette huile passe à 40 centipoises !! Ce n’est pas vrai pour toutes les huiles. Certaines changent seulement de 1 cps pour chaque écart de 1 °C de température.

MAIS, sans parler de l’importance de cette modification de la viscosité, il est important de prendre conscience que toutes les huiles sont affectées par les modifications de la température.

Les conditions de jeu sont rarement les mêmes le matin et le soir par exemple.

Il y a plusieurs choses que l’on attend de l’huile choisie. Nous désirons qu’elle soit glissante, mais pas trop pour éviter les problèmes de retour de boules. Nous désirons qu’elle tienne dans le temps, mais qu’elle permette malgré tout une évolution du jeu pour que les joueurs puissent  créer leur passage.

Nous désirons également qu’il n’y ait pas trop de transfert!!!

Mais faites-moi confiance, si vous voyez un fabricant affirmer que son huile ne génère pas de transfert, ne l’écoutez pas. Si c’est liquide, ça bouge…

Toutes les huiles génèrent des transferts.

Cependant, certains additifs sont utilisés pour limiter les transferts et créer l’impression que la boule « ne voit pas » ce que notre oeil voit.

Ce qui signifie que dans certaines huiles, est utilisée une huile minérale collante pour que la réaction de la boule ne varie pas quand l’huile se déplace.

Les nouvelles huiles utilisent moins d’huile minérale pour faire place aux autres composants, la durée de conservation du mélange est donc plus courte, s’étalant entre 18 et 24 mois.

Pensez à la durée de conservation des produits consommables courants. Quand ils sont exposés à l’air, ils se détériorent rapidement et perdent leurs qualités d’origine.

Le volume d’huile :

On parle en volume pour les machines Kegel  à injecteur unique qui fonctionne avec une pompe volumétrique. Ces machines déposent un certain volume d’huile sur la piste en fonction du programme choisi et du réglage de la pompe (en général 50 microlitres par latte et par passe).

 

Le volume est choisi en fonction de l’état d’usure de la piste, de sa topographie (si elle est connue)  et du format de la compétition (niveau des joueurs, nombre de parties, etc…).

Le volume d’huile déposé par piste est de 15 à 18 millilitres pour un huilage Open (loisir) et plus de 25 millilitres pour un huilage en compétition internationale (championnats d’Europe et du Monde).

Les unités d’huile :

Il faut un minimum de 3 unités sur toute la surface huilée de la piste aux Etats-Unis. Cette règle fut créée en 1990.

En France, le minimum est de 5 unités d’huile à l’intérieur du huilage. Il n’y a pas de maximum, mais il faut savoir qu’à partir de 80 unités la boule est ralentie car la friction augmente.

Le nombre d’unités d’huile est défini par zone sur la piste suivant les directives fédérales de huilage de l’année en cours (voir ‘’Directives fédérales de huilage’’ sur le site de la fédération).

Remarque : plus le volume et les unités d’huile sont importants et plus l’évolution du huilage et ses transitions sont importantes et rapides.

Voici une liste des paramètres de choix et de mode d’application d’une huile :

– Type de machine à huiler.

– Type d’huile de piste utilisée auparavant.

– Type de produit dégraissant utilisé auparavant.

– Ratio de dilution du dégraissant.

– Données de programmation du profil de huilage et du dégraissage.

– Type de la surface des pistes.

– Etat de la surface des pistes, niveau d’usure (soyez objectifs).

– Topographie de la surface des pistes (si elle est connue).

– Ligne de jeu couramment utilisée par les joueurs.

– Que voulez-vous obtenir en changeant d’huile ou en modifiant le profil de huilage ?

J’aimerais pouvoir vous dire qu’il existe une huile de piste magique, mais ça n’existe pas.

J’aimerais pouvoir vous dire qu’il existe un profil de huilage magique, mais ça n’existe pas non plus.

Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de vous adresser à des gens compétents.

Pendant des années, les bowlings ont tenté de résoudre eux même leurs problèmes de conditions de jeu, chacun de leur côté, avec plus ou moins d’informations et de réussite.

Aujourd’hui, il existe des pôles d’information pour aider les bowlings à ne pas refaire les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs.

Les joueurs (surtout les meilleurs) doivent aider les bowlings à faire évoluer leurs conditions de jeu et ne pas se contenter de toujours critiquer.

 

Source: https://bowlinganalyse.fr/category/environnement/evolution-des-huiles-de-piste/

Rédigé par Le secrétaire

Publié dans #Technique

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